Année 2024

 

 Matthieu 2,1-12     Epiphanie

 St Jean 1,35-42     Janvier 2024

 St Marc 1,40-45     Fevrier 2024

 St Jean 3,14-21     Mars 2024

 St Marc 16, 1-8     Pâques 2024

 St Luc 24,36-49 Avril 2024

Ascension 9 mai 2024

St Jean 17,11-21 Mai 2024

 

 

 

Evangile selon St Marc 16, 1-8

Célébrons la Pâque du Seigneur


« Et comme le sabbat était arrivé à terme, Marie de Magdala, et Marie, celle de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour venir oindre Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles viennent au sépulcre, le soleil étant levé. Elles se disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre de l'entrée du sépulcre ?

Ayant levé le regard, elles aperçurent que la pierre a été roulée. Elle était pourtant fort grande ! Etant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis à droite, enveloppé d'une robe blanche.

Elles furent épouvantées. Il leur dit : Ne soyez pas épouvantées !

Vous cherchez Jésus le Nazarène, le crucifié ? Il s'est réveillé ! Il n'est pas ici. Voyez le lieu où ils l'avaient mis ! Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre :

Il vous précède dans la Galilée.

Là, vous le verrez comme il vous a dit.

Etant sorties, elles s'enfuirent du sépulcre, tremblement et trouble les tenaient. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. »


 A ce lever du soleil, au grand matin, il y a la frayeur, la fuite, le tremblement et la stupeur, la peur finalement. Pâques, serait-ce donc cela ? Oui, l'évangile nous raconte Pâques par ce qui nous dérange : l'absence d'un effort de notre côté (il ne faut pas même rouler la pierre), l'absence du corps, un lieu absenté, un déplacement à accomplir, des paroles à dire... Ainsi, les femmes s'enfuient du tombeau comme les disciples lors de l'arrestation de Jésus, sans rien dire. – Que dire, en effet, quand ce qui était n'est plus, quand il n'y a tout simplement rien ?
 
 

Pour l'évangile, c'est la manière de nous conduire vers ce qu'est Pâques: une rupture totale par rapport à ce que nous cherchons, imaginons, pouvons faire. C'est de l'inattendu dont le seul lieu visible est celui où Jésus est passé. De cela, de ce passage avant le jour, l'évangile ne dit rien parce qu'il n'y a rien à dire, ni à voir, la nuit garde son secret. Mais le tombeau est ouvert, il y a une rencontre promise, plus loin, une rencontre où 'voir', c'est plutôt entendre une parole déjà dite par Celui qui, réveillé, précède toujours.
 
 

Celui qui parle ici, "un jeune homme" avait-il entendu dire Jésus au moment de se rendre au jardin des oliviers : "ressuscité, je vous précéderai en Galilée"? Sa fuite éperdue lui avait fait perdre le drap que l'évangile nous a fait retrouver autour du corps de Jésus enseveli. A présent, un "jeune homme" aussi, porte un vêtement blanc qui n'est plus le vêtement de la honte et de la mort, mais celui, lumineux, dont le Créateur vêtit l'humain pour un chemin nouveau.
 

 

"Je vous précéderai… il vous précède…" - oui, Christ est ce 'précédant' auquel nous sommes promis. Car si Jésus de Nazareth, le crucifié, est réveillé, c'est que Dieu ne ment pas. C'est que son désir de faire vivre nous attend, non sans nous inviter au passage, à beaucoup de passages, dès à présent, dans notre vie. Nous pouvons nous y ouvrir et l'évangile, en les racontant, comprend les craintes et tremblements qui nous habitent devant l'inimaginable, nous aussi. Seule l'audace de la foi nous permet d'affirmer la vie donnée gracieusement, sans mérite et sans retour, et de dire avec saint Paul : 'Il est fidèle, le Dieu qui nous a appelés à la communion avec son fils, Jésus Christ, notre Seigneur.'

 

 

Evangile de St Luc 24,36-49 – 14 avril 2024
 

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d'Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s'était passé sur la route , et comment le Seigneur s'était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d'eux, et leur dit : « Paix à vous ! » Ils étaient terrifiés et, la crainte les gagnant, ils pensaient voir un esprit !

Il leur dit : “De quoi êtes-vous troublés, et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre coeur ? Voyez mes mains et mes pieds : Oui, c'est bien moi !Touchez-moi et voyez : un esprit n'a pas de chair ni d’os, comme vous voyez que j'en ai! “ Ayant dit ceci, il leur montra ses mains et ses pieds. Or comme ils ne croyaient pas encore, à cause de la joie, et qu'ils s'étonnaient, il leur dit : “ Avez-vous quelque chose de mangeable par ici ?Ils lui remirent une part de poisson grillé. Il le prit et, en face d'eux, mangea. Il leur déclara : “Voici les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous : “ Il faut que s'accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.”

Alors il ouvrit leur intelligence pour saisir les Ecritures.

Il leur dit:”Ainsi est-il écrit que le Messie souffrirait, et se lèverait d'entre les morts le troisième jour, et que serait proclamée en son nom une conversion pour une rémission des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

Vous êtes témoins de cela. Voici : J'envoie la promesse de mon Père sur vous. Vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de puissance d'en haut.

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De toutes sortes de manières les évangiles essaient de nous faire part d'une expérience de foi fondamentale : celle des disciples après la mort de Jésus. Nous aurions tort de lire ces récits au pied de la lettre et tout autant de les prendre pour des histoires naïves. Ce qui nous est raconté témoigne d'une expé­rience au sein de laquelle, à travers l'ignorance (‘nous ne savons pas où on l'a mis’), l'effroi et le doute, cette conviction se fraie un chemin : Dieu a ressuscité ce juste.


L’évangile aimerait bien qu’on ne confonde pas la foi en Christ ressuscité avec une affaire de fantôme ou de revenant. Il voudrait faire entendre que croire Jésus ressuscité d’entre les morts, ce n’est pas quitter l’humain. C'est pourquoi il nous parle avec les mots les plus ordinaires : les mots du corps et les mots de ce qui fait vivre le corps. Mais parler ainsi de résurrection, c’est d’aller au cœur de cette question : qu’est-ce qui nous rend vivants en tant qu’êtres humains ?


Le récit de ce jour fait donc état de la frayeur, des hésitations et de l'incrédulité des disci­ples que rien ne dissipe - tout au contraire : ne sont-elles pas le miroir des nôtres ? Mais avec une insistance singulière, l'évangéliste indique les trois signes qui permettent de faire encore aujour­d'hui l'expérience du Vivant :

- les disciples se parlent les uns aux autres

- il y a partage d'une nourriture

- l'esprit s'ouvre à la compréhension des Ecritures.

Et de souligner que cette expérience ne nous éloigne pas de notre vie réelle ; pour être vraie, elle est 'palpable' dans le quotidien, sans pour autant dispenser de croire.


Deux millénaires n'ont rien enlevé à l'actualité de ces signes, à l'exigence qu'ils nous adressent, à leur force de témoignage, au malheur de leur absence. Sans eux, la mort de Jésus ne serait rien qu'un élément de plus dans la série des violences perpétrées dont l'actualité est particulièrement remplie et dont notre vie n'est pas indemne. Or là où il y a partage de la parole et du pain, la violence est abolie et l'esprit peut s'ouvrir à la compréhension des Ecritures au sujet de Jésus et celle-ci s'inscrire dans notre vie.

 

Puissent donc ces signes, dont l'eucharistie est réalité et promesse, prendre chair dans notre vie....

 


 

                 Ascension 9 mai 2024

             Le récit des Actes des apôtres (1,6-11) :

Réunis autour de Jésus, les disciples lui avaient demandé :

« Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? »

Jésus leur dit :

« Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »

A ces mots, eux le regardant, il s'éleva et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait,

voici deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ?

Jésus, qui vous a été enlevé vers le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. »


Le récit selon Marc (16,15-20)

Et il leur dit :

« Allez vers le monde entier, proclamez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croit et est baptisé, sera sauvé, celui qui ne croit pas sera condamné. Des signes pour ceux qui auront cru suivront de près : En mon Nom, ils jetteront dehors les démons,

ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents;

s'ils boivent un poison mortel, cela ne leur nuira pas; sur des malades ils imposeront les mains et ils se porteront bien. »

Donc, le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s'assit à la droite de Dieu.

Ceux-là cependant sortirent et proclamèrent partout, tandis que le Seigneur coopérait et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient.

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Le Nouveau Testament raconte de plus d’une manière une même

expérience, celle des premiers disciples après la mort de Jésus : Dieu

peut-il laisser dans la mort Celui qui lui a été fidèle jusque là ? Il a fallu

un temps pour que cette conviction de la foi “le crucifié, c’est le messie, il

est auprès de Dieu” s’implante dans leur cœur. Croire, ce n'est pas "fixer"

Jésus dans quelque ciel que ce soit : celui de nos idées, nos images, nos

besoins. C'est plutôt le début d'un autre regard sur la terre des humains

où Jésus a laissé la trace de sa parole : ce qui d'elle se transmet, se vit et

découvre aujourd'hui. L'évangile n'imagine pas cette foi sans doutes.

Ceux-ci nous rappellent que rien n'est si peu évident que croire. La fête

de ce jour, ne nous invite-t-elle pas à ce lent travail du croire pendant le

temps de la non-évidence du Seigneur, plutôt qu’à sa disparition dans les

nuages ? Ne restons donc pas collé-e-s à des représentations enfantines,

mais comprenons que notre foi aussi a besoin de se déplacer et de temps

pour mûrir afin de rencontrer en vérité Celui qui est à la fois si lointai

et si proche …

Si nous ne voulons pas tourner contre nous ou contre d'autres la violence de cette phrase : 'qui ne croit pas sera condamné', nous sommes obligés d'élargir d'abord notre point de vue sur l'ensemble de l'évangile. Car "condamner" n'est pas la visée de la bonne nouvelle et disons-le tout de suite, un tel refus de la foi n'est pas à la portée de tous ! L'évangile sait que "croire" ne va pas de soi et il ne confond pas le refus avec la difficulté de croire : au sujet des Onze, qui avaient pourtant cheminé avec Jésus, l’évangile ne constate-t-il pas trois fois : "ils ne les ont pas crus", c'est-à-dire celles et ceux qui leur affirmaient Jésus vivant. Jésus lui-même se montrait parfois étonné quand il trouvait la foi chez quelqu'un...

Or, c'est à ceux-là, dont le manque de foi flagrant et la méprise sur sa mission se sont manifestés jusqu’au bout, que Jésus, en quittant ce monde, confie le message qui avait donné sens à sa vie du début jusqu'à la fin. Ne leur laisse-t-il pas le commencement d'une création nou­velle ? : en son nom, il est possible de croire, il est possible d'écarter le mal, de parler autrement et nouvellement, d'envisager la mort sans qu'elle nuise, de faire du bien aux malades... - Au commencement, après avoir appelé le monde à la vie, le créateur se retira pour donner à l'humain ce monde à parfaire. Ainsi Jésus, étant enlevé auprès de lui, le remet à nouveau entre nos mains. Voilà l'heureuse nouvelle.

Or avec ceux et celles qui osent sortir et quitter, - la foi, n'est-ce pas d'abord se laisser enlever à soi - le Seigneur auprès du Père collabore et confirme la parole par les signes. Sans doute "croire", c'est déjà un signe, cela implique aussi reconnaître ces signes dans le monde où nous vivons, alors que souvent celui-ci nous force à ne voir que l'absence de Dieu ...

 

 

Evangile selon saint Jean 17,11-21 Mai 2024

A la fin du dernier repas, Jésus priait ainsi :

« Je ne suis plus dans le monde, et eux sont dans le monde.

Et moi, je viens vers toi.

Père saint, garde-les en ton Nom que tu m'as donné

pour que tous soient UN comme nous.

Quand j'étais avec eux, moi je les gardais en ton Nom que tu m'as donné et j'ai veillé et aucun d'eux ne s'est perdu

sinon le fils de la perdition de sorte que l'Ecriture soit accomplie.

Mais maintenant, je viens vers toi , je parle ainsi, dans le monde, pour qu'ils aient la joie, la mienne, accomplie en eux.

Moi je leur ai donné ta Parole, et le monde les a pris en haine, parce qu'ils ne sont pas du monde comme moi, je ne suis pas du monde.

Je ne prie pas pour que tu les enlèves du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde.

Sanctifie-les dans la vérité : ta Parole est vérité.

Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie pour qu'ils soient, eux aussi, sanctifiés en vérité.


Ce n'est pas seulement pour eux que je prie,

mais aussi pour ceux qui croient en moi à cause de leur parole :

comme toi, Père, en moi, et moi en toi,

pour qu'eux aussi soient en nous,

pour que le monde croie que c'est Toi qui m'as envoyé. »

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Dangereuse la phrase que l'évangile de Jean met dans la bouche de Jésus : Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Il n'y a qu'un pas à faire, en entendant cela, pour se croire hors du monde, voire supérieur à lui. Pour croire, en somme, que la foi nous rend étrangers aux autres qui, comme nous, vivent dans le monde. Et justement, le texte fait dire aussi à Jésus : Je ne demande pas que tu les retires du monde… et : moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.


 

C'est donc bien dans le monde que cela se passe pour les croyants, comme cela s'est passé pour le Christ : c'est dans le monde que se découvre ce qui fait vivre et ce qui fait mourir l'humain. Il n'y a que dans le monde, dans l'épaisseur même de notre humanité, que nous puissions faire la part des choses entre ce qui nous fait vivre et ce qui nous empêche de vivre. La parole du Christ est, pour nous, ce qui fait la part des choses, jusqu'à l'extrême.


 

Alors la phrase : Ils ne sont pas du monde…peut s'éclairer : les croyants, pas plus que Jésus, n'ont à vivre comme s'ils étaient auto-suffisants. La vie, et ce qui fait vivre ne vient pas d'eux-mêmes. En vase clos, la vie ne tient pas : elle meurt. Les croyants, vivant dans le monde, ne peuvent y vivre comme en vase clos. Ils sont témoins, vivant dans le monde, que la vie ne peut y être enfermée. Un monde privé d'ouverture aura tôt fait d'étouffer la vie : de ce monde-là, les disciples de Jésus ne sont pas. Selon leur foi, le Christ a ouvert une brèche; non pas pour sortir du monde, mais pour que passe ce qui fait vivre, et qui se reçoit d'un Autre.


 

Peut-être les phrases dangereuses sont-elles celles qui doivent le plus retenir notre attention : elles indiquent qu'il y a un risque, celui de confondre l'amour et la haine, la vie et la mort. Ces phrases nous font chercher. Oui, car nous n'aurons jamais fini de découvrir qui est le Dieu qui n'a d'autres désir que de nous rendre vivants.

 

                      

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Mod le 16/05/2024