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Matthieu 5, 1-12a - Toussaint 2024
1 Voyant
les foules,
il monta vers la montagne
3 Heureux les
pauvres de cœur :
4 Heureux les
affligés: 5 Heureux
les doux
: 6 Heureux
ceux qui ont faim
et
soif de la justice
:
7 Heureux les
compatissants: 8 Heureux
les purs du cœur:
9 Heureux les
faiseurs de paix: 10
Heureux les persécutés à cause de la justice:
11 Heureux
êtes-vous, 12a Réjouissez-vous
et exultez ! °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
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Il
y a dans l'Ancien Testament un psaume, le quatrième, disant
Pour
l'évangile, on n'est pas heureux parce qu'on pleure, mais
les
pleurs peuvent être le signe qu'on n'est pas fermé sur soi et
capable de recevoir d'un autre une présence réconfortante. Il n'y
a
pas, pour lui, de jouissance à être pauvre, mais les remplis n'ont
besoin de personne. L'évangile ne dit pas : heureux ceux qui
l'emportent par la force ; il ne dit pas non plus : heureux ceux qui
s'écrasent eux-mêmes croyant ainsi plaire à Dieu. Il n'y a dans
les Béatitudes que proclame Jésus ni accusation de soi ou d'autrui,
ni programme de perfection. Ce qu'il y a en revanche, c'est une crise
des images dominantes qui entraînent le plus souvent le malheur
d'autres humains.
A cette domination-là, l'évangile ne souscrit pas.- Qu'est-ce qui
est commun à chacune des Béatitudes ? C'est qu'elles
déclarent heureux ceux qui ont renoncé, d'une façon ou d'une
autre,
à faire leur bonheur contre d'autres. Pour l'évangile, être
heureux n'est pas en notre pouvoir, si d'autres ont à payer le prix
d'un tel pouvoir... |
Marc 12, 41-44 ; 13, 1-3a Novembre 2024
Il
appela à lui ses disciples et leur dit :
Comme
il sortait du Temple, l’un de ses disciples lui dit :
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En nous racontant cet épisode de la vie de Jésus, l'évangile ne veut pas attirer notre attention sur les collectes que l'on fait dans les Eglises, aussi utiles soient-elles. L'évangile présente Jésus dont le coeur n'est attaché ni au Trésor ni au Temple. Il en avait bien chassé ceux qui faisaient "de la maison de son Père une maison de trafic". Et pourtant, en sortant d'ici il dira, qu'il n'en sera laissé pierre sur pierre. L'évangile parle de Jésus comme de quelqu'un qui regarde en voyant au-delà de ce qu'il voit. Si à notre tour, nous regardons attentivement ce petit récit de la veuve, nous voyons qu'un mot y revient sept fois : jeter. Cette insistance donne toute l'importance à cet acte-là. Comme il ne s'agit ni d'ordures, ni de poubelle, cela fait plutôt penser à un délestement où la quantité des choses ne compte pas, mais seulement le sens qu'il prend pour qui le fait. Jésus n'hésite pas à le désigner clairement : ce n'est pas la même chose que de se délester d'un trop plein ou de ce qui, manquant, crée la béance du vide. Or c'est cela qui attire le regard et provoque la parole étonnée de Jésus : Jeter de son manque, quelle audace ! Et Jésus traduit aussitôt : donner de son manque, c'est donner sa vie. Jésus, lui qui la donne, voit cela. Il le dit d'abord de l'argent, cette monnaie de nos échanges. Car c'est de lui en premier lieu que nous n'aimons pas manquer, quitte à dissimuler notre manque ; cet argent dont nous nous entourons pour ne rien devoir demander à personne. Mais d'en manquer, nous ferait porter un autre regard les uns sur les autres, cela nous ferait entrer les uns avec les autres dans l'échange de nos manques qui, bien entendu, ne riment pas seulement avec l'argent. Cela nous ferait vivre. Une question parmi d’autres peut s’en dégager pour nous : Dieu fréquenterait-il les bâtiments, si beaux soient-ils, ou bien plutôt une communauté où l'on mise sur ce qui manque afin d'en vivre ? Or les Ecritures nous disent que cette communauté est la maison, faite de pierres vivantes fondées sur Celui qui, ayant vu le geste de cette femme, a donné sa vie jusqu’à son dernier souffle… |
Luc,
3,1-6 Avent 2024 L’an quinze du
règne de l’empereur Tibère, Il
parcourut toute la région du Jourdain,
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Quand l'évangile fait une si solennelle introduction, c'est qu'il veut nous dire quelque chose d'important. Voyons : il s'agit d'un moment bien précis : sept noms sont cités ; les deux pouvoirs : politique et religieux ; les deux terres : celle du peuple-témoin (la Judée) et le carrefour des nations (la Galilée) : ainsi toutes les dimensions du monde connu sont convoquées à l'avènement d'une parole qui vient d'ailleurs. Une parole qui n'est pas audible dans le trop-plein de ce monde-là, mais dans un lieu vide, le désert. Elle arrive au huitième des hommes cités, appelé Jean, nom qui veut dire "le Seigneur fait grâce" ; il est fils de Zacharie ou "le Seigneur s'est souvenu"...
Quelle est donc cette parole qui retentit avant que Jésus n'élève sa propre voix ? Elle proclame une "conversion en vue du pardon des péchés". Elle annonce donc une sortie possible, non de ce monde, mais du mal qui nous tient prisonniers et étouffe notre voix. Dans le désert où il n'y a pas de chemin, il y en a un à faire selon les Ecritures. Et ce chemin nous ne serons pas seuls à le construire. Il y a Jésus qui nous précède toujours et les Ecritures saintes pour tracé. A l'autre bout de l'évangile de Luc (24,32), les disciples d'Emmaüs vont témoigner en disant : "il nous parlait sur le chemin" et "il ouvrait pour nous les Ecritures".
Oui, Jésus a tracé un chemin à travers le mal, le doute, la déception, la souffrance et la mort par sa parole et par ses actes. Dans sa chair d'abord, il a rendu visible à tous, que Dieu sauve. Car ce chemin difficile, tortueux et raboteux, il l'a lui-même emprunté au point de devenir « chemin, vérité et vie ». La Bonne Nouvelle toute entière est une invitation à suivre Jésus sur le chemin, c'est là qu'il vient à notre rencontre pour marcher avec nous et faire de nous un peuple où le salut de Dieu peut devenir visible dans la chair, autrement dit en ce qu’il y a de plus humain. Il n’y a pas d’avènement pascal, résurrection, en dehors de la chair. |
Noël 2024 |
Dieu, nouveau venu ? « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour ». Tel est le rappel salutaire que l’auteur de la 2ième lettre de Pierre adressait à ses amis. Et aujourd’hui, ses amis, c’est nous ! Pourquoi parler d’un rappel salutaire ? Parce que nous oublions, nous aussi, que la venue du Seigneur n’est pas soumise à nos calendriers, même liturgiques, et à nos mesures de temps. Pourtant, me direz-vous, Noël, n’est-ce pas la venue de Dieu dans le temps, celui de notre histoire et de notre condition humaine ? Oui, bien sûr. Dans la foi, nous disons que Dieu s’est fait partie prenante de notre temps, dans la chair, le nom et le visage de Jésus de Nazareth. Mais justement, si c’est bien Dieu qui entre ainsi dans le temps, c’est le temps qui est bouleversé ! Ce qui est advenu en Jésus demeure présent aujourd’hui. Et déjà, ce présent nous parle de Celui qui est encore à venir. Voilà pourquoi notre foi chrétienne ne cultive ni la nostalgie du passé, ni l’obsession du présent, ni la crainte de l’avenir. Quand ces trois-là sont mis à l’écart, alors l’espérance se lève : non pas sur un lointain horizon, mais au présent de ce que nous vivons. Voilà qui tombe bien ! Le 24 décembre, l’Année sainte 2025 va s’ouvrir et nous appeler à cheminer ensemble en Pèlerins d’espérance ! La foi ne marche pas à reculons, pas plus qu’elle n’anticipe la suite du chemin. Elle dit ceci, je le crois : à chaque pas sur le chemin, Dieu est nouveau venu, qui se joint à nous en Jésus, de sa naissance en notre chair à sa naissance qui a vaincu la mort. Il est nouveau venu, car en Lui la nouveauté nous vient, et demeure parmi nous. À Noël, Dieu lui-même nous rejoint, pèlerin d’espérance avec nous, nouveau venu en tout temps. En Jésus, son espérance pour nous est allée jusqu’au bout. Elle a pour nom l’Évangile, pour chaque jour comme pour mille ans ! Sainte fête de Noël à chacun·e de vous ! Bernard Van Meenen* *Ce texte a été publié dans La Voie de l’Unité (UP Meiser, déc. 2024)
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Année 2025 |
Luc, 3, 15 – 16.21-22 ( Baptême de Jésus)
En
ce temps-là, Comme
tout le peuple se faisait baptiser L’Esprit
Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe,
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Comme pour en souligner le caractère ténu, l'évangéliste nous raconte le commencement de Jésus comme serviteur de la Bonne Nouvelle avec un minimum de mots. Il nous faut donc bien dresser l'oreille pour entendre ce qui se passe. Jésus est en quelque sorte caché au milieu du peuple baptisé. Rien ne l'en distingue, et les paroles prophétiques de Jean ont l'air de concerner un autre que lui. Pourtant, une chose est dite de Jésus à l'exception de tout autre baptisé : il prie. Jésus, sorti de l'eau, trouve la parole comme le petit humain trouve la voix une fois sorti des eaux de sa mère. Or la parole de Jésus au milieu du peuple fait une brèche ; elle ouvre à tous les humains sortis de l'eau un autre horizon, plus large, plus fondamental et plus commun. Au moment où le souffle saint qui l'anime devient visible à tous, une voix répond à la sienne qui le reconnaît fils et proclame l'aujourd'hui, la prégnante actualité de sa filiation divine. Ainsi la prière rend visible et audible toute filiation dont Dieu est l'origine. Son premier effet est de faire apparaître le lien indestructible qui nous relie à l'origine et qui fonde tous nos commencements. L'évangéliste Luc raconte encore six autres moments de prière de Jésus qui surgissent au milieu de son enseignement et du rétablissement des malades, à l'appel des disciples, à la question sur son identité, sur le mont de la transfiguration, quand il nous apprend à prier et le dernier, le septième, au mont des Oliviers, lors de son agonie. Tous ces moments, importants et décisifs, ont en commun de rendre visible et audible du côté de l'humain le désir de Dieu de faire vivre; ils donnent à percevoir dans ce désir le coeur de la Bonne Nouvelle : notre Dieu est vraiment Père et nous sommes ses fils et ses filles dont Jésus est le premier-né. Noël ne nous aurait rien appris s'il ne nous avait pas conduits à cette ouverture-là, à ce pouvoir qui est nôtre : provoquer une voix qui, avec Jésus, nous reconnaît nés aujourd'hui, afin de vivre |
Mod le 03/02/2025