Le Coin de Dorothée    

 

 

 

Marc 10, 17-27       Octobre 2024

 

En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
    Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements :
« Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère.
 »
L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. » Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.
Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit: « Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et dit: « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
    Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

           

Voilà l’un de nous qui déboule d’une impasse quelconque devant Jésus. Il arrête les pas de celui qui venait de se mettre en route. Leur bref dialogue conduit à une invitation de repartir – à deux !

            Quelle est donc la question de ce “quelqu’un” que Jésus se met à questionner, car cette personne semble être comblée : de possessions, de bonne conduite et elle réclame en plus un droit d’héritage suprême : la vie pour toujours, le tout de la vie. Oh ! non sans rien faire ! Justement, il veut l’obtenir moyennant prestation. Mais l'humain peut-il donner quelque chose en échange de la vie ?

            Alors Jésus le prend au mot, le premier qu’il prononce : ''bon'' ; il le conduit par là à la source d’où vient tout ce qui est bon et en premier lieu la vie, ce don premier et totalement gratuit, immérité. Et puis il se met à citer non pas ceux des dix commandements qui concernent la relation à Dieu, mais la vie, celle d’autrui. Pour Jésus, les commandements ne sont pas là pour augmenter notre perfection, mais pour servir la vie.

            C’est ainsi que, non sans adresser à notre représentant un regard plein d’amour, il le fait rejoindre le point où toute vie commence : la subsistance des pauvres. Il ne faut pas que quiconque parmi nous manque de tout. Or de pauvres, nous ne manquons pas, mais de manque !  Observons donc : Jésus ne dit pas vends d'abord, puis suis-moi : il n'est justement pas question d'un grand coup héroïque qui rendrait notre propre manque total. Il dit : vends, donne et suis-moi – trois verbes au présent. Cela veut dire inscrire en permanence une chose qui manque dans notre chemin avec Jésus. Parce que l'idole de notre perfection se marie trop facilement avec l'absence du manque dans notre vie. Jésus instaure le manque permanent comme signe de la perfection. Sa réponse pointe sur un trou : le manque, mais qui forme une ouverture, une voie de passage donnant sur la vie : le chas d’une aiguille. Et c’est pour « maintenant, en ce temps-ci » : la ‘vie à jamais’ a déjà commencé.  Car ce qui nous tient vivants, c'est la chose qui nous manque. Elle nous tient à notre place d'être humain, elle creuse notre désir que Dieu seul peut combler, lui qui nous manque.

 




 

 

 NOEL 2023

 St Jean 3,14-21 Mars 2024

 St Jean 17,11-21 Mai 2024

 Marc 10, 17-27 Octobre 2024

 Matthieu 2,1-12  Epiphanie

St Marc 16, 1-8 Pâques 2024

Pentecote Mai 2024

 

St Jean 1,35-42  Janvier 2024

St Luc 24,36-49 Avril 2024

Saint Marc 3, 20-35 juin 2024

 

 St Marc 1,40-45   Fevrier 2024

Ascension 9 mai  2024

 Marc 7, 31-37  Septembre 2024

 

 

 

         Noël 2023

 

   

     Reconnaîtrons-nous, dans l'annonce de ce jour, une parole qui ne vieillit pas ? Une parole d'avenir, une parole capable de nouveauté :
        "Il vous est né, aujourd'hui, un Sauveur qui est le Christ Seigneur". Qu'en est-il de cet aujourd'hui ?

    Certes, chacun-e d'entre nous aussi est né-e. Cela s'est passé un jour. Mais aujourd'hui ? Noël, nostalgie d'une vieille naissance,
        perdue dans la nuit des temps ? Ou Noël, aube d'une naissance à venir, dans le temps de nos vies ? Selon l'évangile,
        il n'y a pas de sauveur sans naissance ; et c'est pourquoi le Christ sera aussi appelé le premier-né d'entre les morts.
        Comme si deux naissances s'appelaient l'une l'autre et avec les mêmes mots : le fils premier-né, dans la mangeoire de Bethléem,
        c'est lui que les communautés appelleront le premier-né d'entre les morts.
        De la mangeoire de Bethléem au tombeau ouvert le matin de Pâques, l'évangile suit son chemin, et avec lui notre foi.

    L'évangile a faim de vivre. Une faim tenace, nourrie de toute l'espérance d'Israël. De cette faim-là, Jésus sera prodigue:
       il ne refuse  à personne de laisser naître son désir de vivre, là même où l'on croyait que la vie l'avait épuisé, opprimé, éteint.
       Cela commence avec la bonne nouvelle annoncée aux bergers, et cela ira jusqu'au chemin d'Emmaüs.
       Sur ce chemin nous sommes aussi : naître, cela nous expose à mourir. En naissant parmi nous, Jésus ne vient pas entretenir
       quelque illusion, ou ranimer la flamme vacillante de nos rêves d'immortalité.
       L'heure venue, Jésus posera librement sa vie, en passant par la peur de mourir. Jusqu'à l'extrême, il attesterasa confiance en Dieu
       qui n'a pas fait la mort, mais qui fait vivre.

   S'il n'était pas né, s'il n'avait pas été confessé comme "premier-né d'entre les morts", nous ignorerions tout d'une telle confiance.
       Et dès lors, s'il nous est né, aujourd'hui, un Sauveur, n'est-ce pas cette question que nous relance à nouveau l'évangile :
       croyons-nous que le Christ nous devance, nous attire et nous fait entrer dans cette confiance en un Dieu,
       le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, qui fait de notre naissance, non un passé perdu, mais un avenir donné ?
(bvm)


 

Année 2024

 

          Matthieu 2,1-12     Epiphanie

        Jésus était né à Bethléem de Judée aux jours du roi Hérode,
        et voici : des mages d' Orient arrivèrent à Jérusalem.
        Ils dirent : Où est le nouveau-né,
roi des Juifs ?
       Car nous avons vu son astre à l'Orient. 
       Et nous venons nous
prosterner devant lui.
       Quand il entendit, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
       Il rassembla tous les grands prêtres et scribes du peuple.
       Il
s'enquit auprès d'eux :
                                Où doit naître le
messie ?
      Ils lui disent : à Bethléem de Judée, ainsi qu'il est écrit par le prophète :
                               Et toi, Bethléem, terre de Juda,
      tu n'es certes pas le plus petit parmi les chefs-lieux de Juda !
      Car c'est de toi que sortira un chef qui sera
                               le berger de mon peuple Israël.
      Alors Hérode à la dérobée appela les mages.
      Il
se fit préciser par eux le moment où a brillé l'astre. 

      Il les envoya à Bethléem et dit :
      Allez,
informez-vous avec précision sur le petit enfant.
      Et quand vous aurez trouvé,
annoncez-le moi, pour que
      moi aussi je vienne me
prosterner devant lui.
      Ayant entendu le roi, ils s'en allèrent.
      Et voici : l'astre qu'ils avaient vu 
      à l'Orient les précédait jusqu'à ce qu'elle vienne se tenir au-dessus du lieu
                               
est le petit enfant !
      En voyant l'astre, 
      ils se réjouirent de fort grande joie.

     En entrant dans la maison, ils virent le petit enfant avec Marie, sa mère.
     Ils tombèrent et se
prosternèrent devant lui.
     Ils ouvrirent leur trésors et lui offrirent des présents : or, encens et myrrhe.
    Avertis en rêve de ne pas repasser chez Hérode,
    par un
autre chemin ils retournèrent vers leur pays.

     Abordons cet évangile sous l'angle de la foi qui, aujourd'hui, est mise à rude épreuve, plus rude peut-être qu'au temps où Hérode ordonna le massacre des enfants de Bethléem. On se pose toujours la question de la foi en présence du malheur, que celui-ci soit ou non le fait de l’homme. Il peut aussi arriver qu’en voulant répondre à cette question lancinante, la foi nous paraisse en porte-à-faux, en équilibre plus qu’instable devant l’incompréhen-sible, et plus encore devant l’injustifiable. Mais la foi serait-elle encore digne d’elle-même et de nous, si nous attendions d’elle qu’elle rende acceptable ce qui déborde toute compréhension, ou qu’elle justifie ce qui ne peut être justifié ? Non, la foi n’est jamais mariée avec l’évidence, pas plus qu’elle n’a pour vocation d’arrondir les angles de l’absurdité. Croire n’est pas un chemin tracé d’avance. Ce que nous croyons, c’est qu’en l’obscurité du monde, une lumière nous devance. Seulement, cette lumière ne prend son sens que si nous prenons le chemin, sans savoir d’avance où il conduit.

C’est ici, sur ce chemin, que le récit de l’Épiphanie nous attend et nous accompagne aujourd’hui. Même arrivés à Jérusalem, les mages n’ont pas encore leur destination : ils ne sont porteurs que d’une question : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? ». Le lieu ne leur était pas connu d’avance, néanmoins une lumière les a déplacés. Et leur question, si inattendue, si peu banale, sème le trouble, avant d’inspirer la méfiance et le mensonge. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la question va au-devant d’un risque. On n’en vient pas à reconnaître le Christ sur une voie royale et triomphale. Et la joie venant de la lumière – en faut-il tant que cela pour éclairer un enfant nouveau-né ? …–, la joie ne fait pas disparaître le risque. La joie de la foi n’est pas un enchantement. Le chemin accompli jusqu’au Christ révèle dans la nuit qu’un autre chemin demeure encore à accomplir.

Par cet autre chemin, dit le récit, les mages se retirent. Leur venue et leur retrait comptent autant l’un que l’autre. Car ainsi s’ouvre le chemin qui sera celui de Jésus : nouvel exode, nouvelle traversée des ténèbres, nouvelle pâque. Le chemin de la foi reçoit alors un nom : celui du Christ. Où que nous nous tenions sur le chemin, il n’est jamais seulement le nôtre ; un autre nous y devance, au cœur du monde, jusqu’en l’incompréhensible et l’injustifiable. Dans l’Évangile, cela devient le signe réel de la croix. La croix du Christ ne fait pas d’ombre à la venue des mages ; mais leur venue et leur retrait laissent apparaître qui est, pour la foi, celui dont le chemin passera par la croix. Dans la nuit, en reconnaîtrons la lumière ? … (bvm)


 

 

Evangile selon St Jean 1,35-42  Janvier 2024

        Le lendemain, de nouveau Jean était là avec deux de ses disciples.         Ayant fixé son regard sur Jésus qui marchait autour, il dit :
        
Voici l'agneau de Dieu.
        
Les deux disciples l'entendirent parler et suivirent Jésus.

        Jésus, s'étant retourné et voyant qu'ils suivaient, leur dit :
        Que cherchez-vous ? Ils lui dirent :
        
Maître, où demeures-tu ? Il leur dit :
        
Venez et voyez.
        
Ils vinrent donc et virent où il demeurait.
        Et ils demeurèrent près de lui ce jour-là ...
        C'était environ la dixième heure.

        André, le frère de Simon-Pierre,
        
était un des deux qui avaient entendu Jean et qui l'avaient suivi.         Celui-là trouva d'abord son propre frère Simon.
        
Il lui dit :
        
Nous avons trouvé le Messie !
        
(ce qui, traduit, est : christ)
        Il l’amena à Jésus.
        Ayant fixé son regard sur lui, Jésus dit :
       
Toi tu es Simon, le fils de Jean. Toi tu t’appelleras Képhas.
       
(ce qui se traduit Pierre)




Voici deux disciples de Jean le Baptiseur qui font un passage décisif : c'est en entendant parler leur maître, ce dernier prophète de la première alliance, du signe de l'agneau, qu'ils se mettent à suivre Jésus. Ils se déplacent sans poser de question. Alors Jésus se retourne en les questionnant : que cherchez-vous ? Eux, l'appelant pour la première fois 'Maître', réagissent par une autre question : où demeures-tu ? La réponse est : venez et voyez. Question et réponse qui ressemblent à ce qui fut dit aux bergers et aux mages : il y a toujours à se déplacer pour connaître Jésus. Mais ici, l'évangéliste ouvre l'horizon jusqu'à la dixième heure, celle qui suit la mort du nouveau maître.

Ces disciples vont donc d'abord trouver un frère. En s'adressant à celui-là, ils répondent de fait à la question de Jésus qui était restée en suspens. Ils disent : nous avons trouvé le Messie. Mais pour pouvoir vraiment porter cette réponse précoce et la mûrir, ils doivent longtemps demeurer avec Jésus, en se déplaçant avec lui, car il n'a pas donné d'autre adresse que 'venez'. Pourtant, à part 'le disciple aimé', aucun ne demeurera au pied de la croix. C'est l'une des femmes se trouvant là, Marie de Magdala qui, cherchant en vain le corps du mort, se retournera sur le Vivant. Il lui pose alors cette question : qui cherches-tu ? Et, l'ayant reconnu à l'appel de son nom, elle le quittera, selon sa parole, pour aller dire à ses frères : j'ai vu le Seigneur, voici ce qu'il m'a dit.

Ainsi notre parole sur Jésus, pour être recevable, suppose non seulement une longue demeure avec le Maître, mais elle doit traverser la perte de celui-ci et retrouver les frères et soeurs. Ici, au début de son évangile, l'évangéliste ne nous dit rien sur le lieu de cette demeure ; à la fin seulement (20,19 et 26), après la résurrection, il l'indique à double reprise : Jésus se tient au milieu d'eux et d'elles. C'est là qu'il se laisse trouver.

                                                                                                                                                                                     

Evangile selon St Marc 1, 40-45        Février 2024

 

Et vient auprès de lui [Jésus] un lépreux
qui l’invoque et tombe à genoux en lui disant :

Si tu veux, tu peux
me purifier !
Et remué jusqu'aux entrailles, ayant étendu sa main, il le toucha et lui dit :
Je le veux, sois purifié !
Et aussitôt, la lèpre le quitta et il fut purifié.

Et frémissant à cause de lui, aussitôt il le jeta dehors et lui dit :
Vois, ne dis rien à personne,
mais va-t-en, montre-toi au prêtre,
et apporte pour ta
purification ce qu'a prescrit Moïse,
en témoignage pour eux.

Mais lui, sorti, commença à proclamer beaucoup et à divulguer la parole,
si bien qu' il ne pouvait plus ouvertement entrer dans une ville.

Mais il était dehors, dans les lieux déserts.
Et ils venaient auprès de lui de toute part.

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En lisant l’évangile de ce jour, nous avons peut-être envie de le laisser aussitôt : que peut bien nous dire aujourd’hui cette histoire de lépreux guéri ? Une question qui peut d’ailleurs se poser à chaque fois, à moins de se dire ceci : si cet épisode est raconté, c’est que, malgré toute la distance d’époque et de culture, il a quelque chose à voir avec ce qui peut m’arriver aussi, sans qu'il s'agisse de lèpre, – si je veux bien m’interroger sur la portée de ce récit. « Faire peau neuve », ne le disons-nous pas encore aujourd'hui ?

La lèpre est une maladie qui se manifeste dans la peau, lieu de tact et de contact, à la limite de notre corps. C’est pourquoi l’exclusion sociale dont était frappée le lépreux est aussi et d’abord à comprendre sur le plan symbolique : il devait vivre « dans un lieu désert », hors des villes et villages où il ne pouvait pas «se montrer ». Son approche devait être pré­­cédée du cri : « impur, impur ». La peau malade parle en quelque sorte de cette exclusion : avoir ni tact ni contact, être malade à sa limite. La situation était considérée aussi irréversible que la mort elle-même.

Quand l'un d'eux vint vers Jésus et lui dit : si tu veux, tu peux, Jésus est saisi de compassion autant que de sentiments violents : l'intouchable l'ayant tou­ché par la parole, Jésus touche l'intouchable en disant 'je veux'; il retourne la situation. Les deux transgressent une limite tout en faisant craquer celle qu'imposait au lépreux la limite malade de son corps : Elle formait la prison l'excluant de la vie avec les au­­tres. Or Jésus montre ainsi la visée de la loi : être gardienne de la vie. Et voici le lépreux, qui ne pouvait plus se montrer, s'y trouve invité et c'est Jésus qui ne peut plus se montrer en ville et demeure dans un lieu désert. Il prend la place de l'exclu.

     Car un autre retournement encore se produit : le lépreux dont seule la peau parlait encore, sort du désert et devient porteur de la parole de salut, elle qui a ôté de sa bouche le cri d'impur, ce refrain qui tournait sans cesse au-dedans de lui. -

Il est vrai qu'il n’avait pas rencontré n’importe qui, mais Jésus, lui qui un soir sortira et retournera la propre parole du lépreux en disant : Père, à toi tout est possible... Mais non ce que moi je veux, mais ce que toi... ; en s'exposant ainsi, Jésus nous a ouvert la voie, et à la filiation, et à la fraternité. Car il a fait confiance au Père qui désire la vie là même où elle est perdue. Laissons-la faire son travail en nous : elle nous fera quitter nos vieilles peaux et nous revêtira de peau neuve, celle qu'il nous donna dès le commencement !

 

 

 

               St Jean 3,14-21 Mars 2024
 

Bonne Nouvelle de Jésus Christ selon saint Jean 3,14-21

Jésus disait à Nicodème :
Comme Moïse a haussé le serpent dans le désert,
ainsi doit être haussé le fils de l'homme ,
pour que tout humain qui croit en lui ait la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné le fils, l'unique engendré,
pour que tout humain qui croit en lui ne se perde pas mais ait la vie
éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé le fils dans le monde
pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
Qui croit en lui, n'est pas jugé, qui ne croit pas, est déjà jugé
parce qu'il n'a pas cru dans le nom de l'unique engendré fils de Dieu.

Tel est le jugement : la lumière est venue dans le monde,
et les humains ont aimé les ténèbres plus que la lumière,
car leurs oeuvres étaient mauvaises.
Car celui qui commet ce qui est mal hait la lumière,
il ne vient pas à la lumière pour que ne soient pas révélées ses oeuvres.
Mais qui fait la vérité vient à la lumière
pour que soit manifesté
que ses oeuvres sont oeuvrées en Dieu.

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 Quand on regarde la tapisserie que tissent les mots de cet évangile, on voit qu'il prend surtout les couleurs de quelques-uns qui lui importent : croire et lumière ; juger et vivre ; ne pas se perdre, être sauvé.

Or dès le début de l'évangile de Jean, ces mots sont là : ‘En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes... Il était la lumière véritable qui illumine tout homme venant dans le monde... A tous il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu : eux qui croient en son nom’. - Et ce sont encore les mêmes mots qui le terminent : ‘...pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom’.

C'est dire quel prix l'évangile attache à la démarche de croire et combien il comprend, en insistant ainsi, que croire n'est pas voir, ni savoir. Car ‘croire’ c'est la traversée des ténèbres, de la haine, des oeuvres mauvaises qui font partie de nous. Croire, c’est parvenir à une lumière qui permet de juger des ténèbres au lieu d’être jugé par elles. Alors, pour que nous usions de notre pouvoir de devenir enfants de Dieu, l'évangile nous donne une image, une forme à qui ressembler : celle du ‘fils de l'humain’ élevé sur la croix qui croit contre toute évidence que Dieu ne le perdra pas, que ce qu'il donne ne peut être que la vie. Attacher notre regard à cet homme qui croit, alors qu’il meurt, fait vivre. Car c’est voir aussi, comme ces gens qui traversent le désert, ce qui nous tue : la morsure du mensonge au sujet de nos ténèbres. Il consiste à accuser Dieu d’être la cause de notre mort.

Et si nous reconnaissons dans ce fils d'humain le visage de Dieu lui-même, nous pouvons nous laisser guérir, nous laisser toucher par la lumière d'un visage humain qui porte l'éclat de la faiblesse de Dieu. Alors se fait en nous une oeuvre que l'évangile appelle le jugement : notre propre faiblesse osera venir à la lumière. Aussi, quand tel Nicodème, nous allons trouver le Seigneur de nuit, la nôtre, nous entendrons au-delà de ce que nous avions imaginé de lui et savons de notre existence, la promesse de naître à nouveau. L'annonce de notre Pâque.

 

                                                                                                                          

                                                                                                                                                                                              

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            Mod . le 08/10/2024