Le Coin de Dorothée |
Marc 12, 41-44 ; 13, 1-3a Novembre 2024
Il
appela à lui ses disciples et leur dit :
Comme
il sortait du Temple, l’un de ses disciples lui dit :
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En nous racontant cet épisode de la vie de Jésus, l'évangile ne veut pas attirer notre attention sur les collectes que l'on fait dans les Eglises, aussi utiles soient-elles. L'évangile présente Jésus dont le coeur n'est attaché ni au Trésor ni au Temple. Il en avait bien chassé ceux qui faisaient "de la maison de son Père une maison de trafic". Et pourtant, en sortant d'ici il dira, qu'il n'en sera laissé pierre sur pierre. L'évangile parle de Jésus comme de quelqu'un qui regarde en voyant au-delà de ce qu'il voit. Si à notre tour, nous regardons attentivement ce petit récit de la veuve, nous voyons qu'un mot y revient sept fois : jeter. Cette insistance donne toute l'importance à cet acte-là. Comme il ne s'agit ni d'ordures, ni de poubelle, cela fait plutôt penser à un délestement où la quantité des choses ne compte pas, mais seulement le sens qu'il prend pour qui le fait. Jésus n'hésite pas à le désigner clairement : ce n'est pas la même chose que de se délester d'un trop plein ou de ce qui, manquant, crée la béance du vide. Or c'est cela qui attire le regard et provoque la parole étonnée de Jésus : Jeter de son manque, quelle audace ! Et Jésus traduit aussitôt : donner de son manque, c'est donner sa vie. Jésus, lui qui la donne, voit cela. Il le dit d'abord de l'argent, cette monnaie de nos échanges. Car c'est de lui en premier lieu que nous n'aimons pas manquer, quitte à dissimuler notre manque ; cet argent dont nous nous entourons pour ne rien devoir demander à personne. Mais d'en manquer, nous ferait porter un autre regard les uns sur les autres, cela nous ferait entrer les uns avec les autres dans l'échange de nos manques qui, bien entendu, ne riment pas seulement avec l'argent. Cela nous ferait vivre. Une question parmi d’autres peut s’en dégager pour nous : Dieu fréquenterait-il les bâtiments, si beaux soient-ils, ou bien plutôt une communauté où l'on mise sur ce qui manque afin d'en vivre ? Or les Ecritures nous disent que cette communauté est la maison, faite de pierres vivantes fondées sur Celui qui, ayant vu le geste de cette femme, a donné sa vie jusqu’à son dernier souffle… |
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Noël 2023 |
Reconnaîtrons-nous,
dans l'annonce de ce jour, une parole qui ne vieillit pas ? Une
parole d'avenir, une parole capable de nouveauté : Certes,
chacun-e d'entre nous aussi est né-e. Cela s'est passé un jour.
Mais aujourd'hui ? Noël, nostalgie d'une vieille naissance, L'évangile
a faim de vivre. Une faim tenace, nourrie de toute l'espérance
d'Israël. De cette faim-là, Jésus sera prodigue: S'il
n'était pas né, s'il n'avait pas été confessé comme "premier-né
d'entre les morts", nous ignorerions tout d'une telle confiance.
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Année 2024 |
Jésus
était né à Bethléem de Judée aux jours du roi Hérode,
Il les envoya à Bethléem et
dit : En entrant dans la maison, ils
virent le petit
enfant avec
Marie, sa mère. |
Abordons cet évangile sous l'angle de la foi qui, aujourd'hui, est mise à rude épreuve, plus rude peut-être qu'au temps où Hérode ordonna le massacre des enfants de Bethléem. On se pose toujours la question de la foi en présence du malheur, que celui-ci soit ou non le fait de l’homme. Il peut aussi arriver qu’en voulant répondre à cette question lancinante, la foi nous paraisse en porte-à-faux, en équilibre plus qu’instable devant l’incompréhen-sible, et plus encore devant l’injustifiable. Mais la foi serait-elle encore digne d’elle-même et de nous, si nous attendions d’elle qu’elle rende acceptable ce qui déborde toute compréhension, ou qu’elle justifie ce qui ne peut être justifié ? Non, la foi n’est jamais mariée avec l’évidence, pas plus qu’elle n’a pour vocation d’arrondir les angles de l’absurdité. Croire n’est pas un chemin tracé d’avance. Ce que nous croyons, c’est qu’en l’obscurité du monde, une lumière nous devance. Seulement, cette lumière ne prend son sens que si nous prenons le chemin, sans savoir d’avance où il conduit. C’est ici, sur ce chemin, que le récit de l’Épiphanie nous attend et nous accompagne aujourd’hui. Même arrivés à Jérusalem, les mages n’ont pas encore leur destination : ils ne sont porteurs que d’une question : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? ». Le lieu ne leur était pas connu d’avance, néanmoins une lumière les a déplacés. Et leur question, si inattendue, si peu banale, sème le trouble, avant d’inspirer la méfiance et le mensonge. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la question va au-devant d’un risque. On n’en vient pas à reconnaître le Christ sur une voie royale et triomphale. Et la joie venant de la lumière – en faut-il tant que cela pour éclairer un enfant nouveau-né ? …–, la joie ne fait pas disparaître le risque. La joie de la foi n’est pas un enchantement. Le chemin accompli jusqu’au Christ révèle dans la nuit qu’un autre chemin demeure encore à accomplir. Par cet autre chemin, dit le récit, les mages se retirent. Leur venue et leur retrait comptent autant l’un que l’autre. Car ainsi s’ouvre le chemin qui sera celui de Jésus : nouvel exode, nouvelle traversée des ténèbres, nouvelle pâque. Le chemin de la foi reçoit alors un nom : celui du Christ. Où que nous nous tenions sur le chemin, il n’est jamais seulement le nôtre ; un autre nous y devance, au cœur du monde, jusqu’en l’incompréhensible et l’injustifiable. Dans l’Évangile, cela devient le signe réel de la croix. La croix du Christ ne fait pas d’ombre à la venue des mages ; mais leur venue et leur retrait laissent apparaître qui est, pour la foi, celui dont le chemin passera par la croix. Dans la nuit, en reconnaîtrons la lumière ? … (bvm)
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Evangile selon St Jean 1,35-42 Janvier 2024 Le
lendemain, de nouveau Jean était là avec deux de ses disciples.
Ayant
fixé son regard
sur Jésus qui marchait autour, il dit : Jésus,
s'étant retourné et voyant qu'ils suivaient, leur dit : André,
le frère
de Simon-Pierre,
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Ces disciples vont donc d'abord trouver un frère. En s'adressant à celui-là, ils répondent de fait à la question de Jésus qui était restée en suspens. Ils disent : nous avons trouvé le Messie. Mais pour pouvoir vraiment porter cette réponse précoce et la mûrir, ils doivent longtemps demeurer avec Jésus, en se déplaçant avec lui, car il n'a pas donné d'autre adresse que 'venez'. Pourtant, à part 'le disciple aimé', aucun ne demeurera au pied de la croix. C'est l'une des femmes se trouvant là, Marie de Magdala qui, cherchant en vain le corps du mort, se retournera sur le Vivant. Il lui pose alors cette question : qui cherches-tu ? Et, l'ayant reconnu à l'appel de son nom, elle le quittera, selon sa parole, pour aller dire à ses frères : j'ai vu le Seigneur, voici ce qu'il m'a dit. Ainsi notre parole sur Jésus, pour être recevable, suppose non seulement une longue demeure avec le Maître, mais elle doit traverser la perte de celui-ci et retrouver les frères et soeurs. Ici, au début de son évangile, l'évangéliste ne nous dit rien sur le lieu de cette demeure ; à la fin seulement (20,19 et 26), après la résurrection, il l'indique à double reprise : Jésus se tient au milieu d'eux et d'elles. C'est là qu'il se laisse trouver. |
Evangile selon St Marc 1, 40-45 Février 2024
Et vient auprès
de lui [Jésus] un lépreux
Et
frémissant à cause de lui, aussitôt il le jeta dehors et lui dit
:
Mais
lui, sorti,
commença à proclamer
beaucoup et à divulguer la parole, --------------------------------------
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En lisant l’évangile de ce jour, nous avons peut-être envie de le laisser aussitôt : que peut bien nous dire aujourd’hui cette histoire de lépreux guéri ? Une question qui peut d’ailleurs se poser à chaque fois, à moins de se dire ceci : si cet épisode est raconté, c’est que, malgré toute la distance d’époque et de culture, il a quelque chose à voir avec ce qui peut m’arriver aussi, sans qu'il s'agisse de lèpre, – si je veux bien m’interroger sur la portée de ce récit. « Faire peau neuve », ne le disons-nous pas encore aujourd'hui ?
La
lèpre est une maladie qui se manifeste dans la peau, lieu de tact et
de contact, à la limite
de notre corps. C’est pourquoi l’exclusion sociale dont était
frappée le lépreux est aussi et d’abord à comprendre sur le plan
symbolique : il devait vivre « dans
un lieu désert »,
hors des villes et villages où il ne pouvait pas «se montrer ».
Son approche devait être précédée du cri : « impur,
impur ». La peau malade parle en quelque sorte de cette
exclusion : avoir ni tact ni contact, être malade à sa limite.
La situation était considérée aussi irréversible que la mort
elle-même. Quand l'un d'eux vint vers Jésus et lui dit : si tu veux, tu peux, Jésus est saisi de compassion autant que de sentiments violents : l'intouchable l'ayant touché par la parole, Jésus touche l'intouchable en disant 'je veux'; il retourne la situation. Les deux transgressent une limite tout en faisant craquer celle qu'imposait au lépreux la limite malade de son corps : Elle formait la prison l'excluant de la vie avec les autres. Or Jésus montre ainsi la visée de la loi : être gardienne de la vie. Et voici le lépreux, qui ne pouvait plus se montrer, s'y trouve invité et c'est Jésus qui ne peut plus se montrer en ville et demeure dans un lieu désert. Il prend la place de l'exclu. Car un autre retournement encore se produit : le lépreux dont seule la peau parlait encore, sort du désert et devient porteur de la parole de salut, elle qui a ôté de sa bouche le cri d'impur, ce refrain qui tournait sans cesse au-dedans de lui. - Il est vrai qu'il n’avait pas rencontré n’importe qui, mais Jésus, lui qui un soir sortira et retournera la propre parole du lépreux en disant : Père, à toi tout est possible... Mais non ce que moi je veux, mais ce que toi... ; en s'exposant ainsi, Jésus nous a ouvert la voie, et à la filiation, et à la fraternité. Car il a fait confiance au Père qui désire la vie là même où elle est perdue. Laissons-la faire son travail en nous : elle nous fera quitter nos vieilles peaux et nous revêtira de peau neuve, celle qu'il nous donna dès le commencement !
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Bonne Nouvelle de Jésus Christ selon saint Jean 3,14-21 Jésus
disait à Nicodème :
Tel
est le jugement : la
lumière
est
venue dans le monde, --------------------------------------------------
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Quand on regarde la tapisserie que tissent les mots de cet évangile, on voit qu'il prend surtout les couleurs de quelques-uns qui lui importent : croire et lumière ; juger et vivre ; ne pas se perdre, être sauvé. Or dès le début de l'évangile de Jean, ces mots sont là : ‘En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes... Il était la lumière véritable qui illumine tout homme venant dans le monde... A tous il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu : eux qui croient en son nom’. - Et ce sont encore les mêmes mots qui le terminent : ‘...pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom’. C'est dire quel prix l'évangile attache à la démarche de croire et combien il comprend, en insistant ainsi, que croire n'est pas voir, ni savoir. Car ‘croire’ c'est la traversée des ténèbres, de la haine, des oeuvres mauvaises qui font partie de nous. Croire, c’est parvenir à une lumière qui permet de juger des ténèbres au lieu d’être jugé par elles. Alors, pour que nous usions de notre pouvoir de devenir enfants de Dieu, l'évangile nous donne une image, une forme à qui ressembler : celle du ‘fils de l'humain’ élevé sur la croix qui croit contre toute évidence que Dieu ne le perdra pas, que ce qu'il donne ne peut être que la vie. Attacher notre regard à cet homme qui croit, alors qu’il meurt, fait vivre. Car c’est voir aussi, comme ces gens qui traversent le désert, ce qui nous tue : la morsure du mensonge au sujet de nos ténèbres. Il consiste à accuser Dieu d’être la cause de notre mort. Et si nous reconnaissons dans ce fils d'humain le visage de Dieu lui-même, nous pouvons nous laisser guérir, nous laisser toucher par la lumière d'un visage humain qui porte l'éclat de la faiblesse de Dieu. Alors se fait en nous une oeuvre que l'évangile appelle le jugement : notre propre faiblesse osera venir à la lumière. Aussi, quand tel Nicodème, nous allons trouver le Seigneur de nuit, la nôtre, nous entendrons au-delà de ce que nous avions imaginé de lui et savons de notre existence, la promesse de naître à nouveau. L'annonce de notre Pâque.
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Mod . le 04/11/2024