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Année 2025 |
Evangile de la Veillée pascale C – Luc 24, 1-12 – Pâques 2025 Le premier jour de la
semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au
tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites. Revenues du tombeau, ,elles rapportèrent tout
cela aux Onze et à tous les autres. Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° |
Résurrection ... Il y a dans le mot même quelque chose qui résiste, comme une aspérité qui indique son caractère de non-évidence. Quelque chose de râpeux dont on ne peut faire l'économie. Voilà pourquoi la résurrection n'est jamais sans l'incarnation. C'est par là qu'elle passe, par la réalité du corps et de l'histoire. Par le beau et douloureux labeur de vivre. Au matin de Pâques, nulle allégresse, mais de la peur. Le geste des femmes reste suspendu à la béance du tombeau ouvert. La résurrection n'est pas la fin du mystère de la mort, elle est l'appel à porter ce mystère jusqu'à la fin. Il nous faut marcher désormais dans cette question ouverte, sans autre bagage que cette braise au cœur qui nous vient à la lecture du vieux récit. On peut toujours être traversé ... c'est ce que nous dit la parole qui traverse les siècles. Il y a en nous, même si nous ne le savons pas, même si nous ne ressentons rien, de la vie sous ce qui empêche la vie. Il y a le possible du pas suivant. Il y a la lumière d'avant la lumière, celle que le Nazaréen a portée dans ses yeux, celle qui porte désormais les vivants et les morts. Dans la nuit de nos peurs et de nos désertions, nous sommes précédés. Infailliblement. Il n'y rien d'autre à croire. C'est si peu et pourtant c'est tout. C'est comme une parole qui relève, un souffle subtil, une poudre de caresse. Ça ne se voit pas, mais ça fait la différence, ça rend tout différent, ça fait qu'on quitte l'indifférence. La douleur n'a pas disparu, l'absence est toujours vive, mais on a accepté de se laisser faire, on a laissé tomber en terre ce qui est trop lourd et qui doit mourir avant de germer autrement. La résurrection s'annonce comme un mouvement imperceptible. Une braise qui repart sous la cendre. Un frémissement découpé sur le désespoir. C'est pure grâce. On n'y est pour rien. On est juste surpris un matin de retrouver au fond de soi le désir intact ... (Francine CARILLO)
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Évangile de Jésus Christ selon saint Jean - Mai 2025 En ce temps-là, Mon Père, qui me les a
données,
* * * Cet évangile évoque peut-être des images pieuses où la douceur domine ou encore l'habitude ecclésiastique de considérer les fidèles comme des moutons. Dans les deux cas, nous passerions à côté de ce qu'il veut nous transmettre. - Souvenons-nous d'abord que le thème du berger et du troupeau est très ancien dans la Bible et veut parler de la manière dont Dieu est avec les humains, et en particulier avec ceux et celles qui entendent sa voix : son peuple.
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Quand
on observe un troupeau de près, on le découvre tel un grand Corps
mouvant, dont les contours paraissent épouser le souffle qui joue
sur le pays. Le troupeau est traversé par des forces de cohésion et
de dispersion dont le centre est le berger. Celui-ci vit au milieu de
lui et sa voix, que l'on distingue rarement, se transmet comme un
murmure profond et permanent, intégré dans le mouvement de chaque
corps particulier. Il n'y a dans le troupeau ni peur ni soumission
aveugle et les bergers quadrupèdes ne jouent que le rappel de la loi
qui s'imprime dans son avancée forte, tranquille et propre à lui. -
N'est-ce pas étonnant que celui qui se nomme le "bon berger"
dans l'évangile, est appelé "l'agneau" par la lecture de
l'Apocalypse de ce jour ?
Quant
à l'imagerie pieuse, ce serait oublier que cet évangile est la fin
d'un long discours où se pose cette question : Jésus est-il le
Christ de Dieu ou non ? - question qui soulève une violence extrême,
puisqu'on veut lapider Jésus. Cela se passe au moment précis où il
affirme la
plus grande unité avec son Père ! Alors nous ressentons peut-être
l'actualité de cet
évangile : la question du Messie et de Dieu, du déplacement que
nous avons à faire pour les reconnaître un, ne se pose-t-elle pas
aujourd'hui avec une égale violence - même si elle s'exprime
autrement ? - C'est donc dans un conflit ouvert, reposant sur un
malentendu concernant le Messie, que Jésus pose l'image du troupeau.
Car justement, loin des clichés reçus, elle prend en compte ce qui
est si difficile à tenir ensemble : se laisser déplacer par Dieu et
trouver l'unité, fondé sur la seule écoute d'une voix, la sienne. De quoi sont donc faites nos peurs ? Sans doute de la violence de vouloir mettre la main sur ce qui est déplacement et don, toujours au devant de nous : la vie qui sort de la main du Père, toujours à nouveau, que nul ne peut ravir.
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Mod le 03/06/2025